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Canal synthétique de la IIème Internationale Situationniste Immédiatiste.

jeudi 2 janvier 2014

Du Spectacle dans l'Université - ou la neutralisation théorique de la théorie.

( Cagliostro de la pensée améliorant la visibilité de la Femme)

Il existe une différence théorique fondamentale, qui n'est pas totalement lisible en pratique, mais qui reste un critérium de la distinction entre un révolutionnaire et l'infini variété des expressions de l'acceptation du destin libéral : il s'agit de la distinction entre réforme et révolution.

La réforme peut proposer une infinité de mesure de « valorisation » des perdants du Système : discrimination positive, protection légale, visibilité, promotion des minorités, etc. Ce qui est essentiel est de garder à l'esprit que toutes ces propositions sont des propositions d'amélioration dans le cadre existant – elles se résument à la volonté de faire accéder des catégories statistiques de dominés (classes et dominations purement théoriques parfois, et présupposées par le réformiste) à des positions dominantes, ou tout simplement, comme le syndicalisme moderne, à des améliorations de condition dans le cadre d'une condition identique. Des exemples typiques sont donnés par l'affirmative action des blancs faisant des noirs ingénieurs, et des hommes faisant des femmes ingénieurs.

La révolution est extérieure au paradigme capitaliste, et donc se moque absolument de ce type de lutte. Il faut être très clair et très brutal : je dis se moque absolument, et je vais jusqu'à dire clairement qu'il convient de les considérer comme toxiques : tout d'abord, en donnant l'illusion de procéder à des améliorations du Capitalisme depuis des siècles, et d'avoir une gauche capitaliste possible ; ensuite, en servant objectivement la propagande et le brouillage permanent de réalité du Spectacle qui brouille les forces de transformation. Il convient de voir les choses ainsi : l'existence d'une police juive dans le Ghetto de Varsovie n'est pas une amélioration de la condition des habitants du ghetto, en dehors des policiers juifs, et pour un temps ; ou encore que des femmes ou des anciens prisonniers intègrent l'administration d'un camp de prisonnier ne change rien à la réalité la plus évidente : il se trouve que l'organisation générale du monde capitaliste est celle d'un camp de prisonniers.

La coloration ethnique du Capitalisme en Afrique du Sud ne doit pas aveugler sur la réalité : la condition des ouvriers ou des mineurs n'a pas changé : la police et l'armée tirent, blanche ou noire.

Le Capitalisme est fondé essentiellement sur l'exploitation : il peut paraître juste, mais il ne peut fonder réellement une société juste au sens de la gauche. La gauche réformiste est au service du Spectacle – et sociologiquement liée aux professions du Spectacle – parce qu'il existe un lien d'essence entre la proclamation de valeurs de gauche et l'adhésion au Capitalisme d'une part, une contradiction brûlante, et l'acharnement à mentir et à se mentir dans des postures de raideur morale sans cesse aggravées. Le Capitalisme sous un gouvernement de gauche – autant mais pour d'autres raisons qu'un cynique gouvernement de droite assumant une propagande mensongère – est fondé sur l'hypocrisie et le mensonge, sur un progressisme qui permet sans cesse de différer les promesses, et sur des classes exploitatrices qui détournent le regard de leur parasitisme. Bref, la gauche au pouvoir est la droite au pouvoir avec une posture morale en plus qui aggrave l'autoritarisme naturel du Système.

Pour illustrer mes propos, je vous livre la critique de la critique universitaire d'un livre universitaire de la « gauche technocratique », de celle qui vit en donnant clef en mains un discours idéologique aux gouvernants du Système. Ce discours d'action affirmative de reconnaissance des exclus parfaitement formaté est aussi parfaitement hypocrite : c'est un exemple parfait. Quel livre, et quel critique, je vous invite à le découvrir. Sachez que l'auteur a modifié son compte rendu, pour tenir compte d'observations de mon (mauvais) genre, mais que cette modification n'a aucune importance pour ce qui nous occupe : il ne s'agit que de rendre en langage plus diplomatique ce que ce premier jet dit crûment. Je n'en tiens pas compte : il sera ainsi aisé à l'auteur de plaider la mauvaise foi de la présente critique.

***

Depuis Marx et le Bourdieu de ce que parler veut dire, on pourrait croire avec naïveté que l'usage universitaire du langage pour construire un effet d'autorité, ayant été dévoilé dans l'enceinte même de l'Université, ne serait plus pratiqué sans vergogne. Mais une telle naïveté repose sur une conception du monde où les universitaires sont censés chercher le vrai, ou encore les journalistes auraient une déontologie du dévoilement de la vérité et de la juste information du peuple, sans parler des politiques qui voudraient combattre avec désintéressement pour la Démocratie. Bref, croire de telle chose est l'effet de la confusion entre le Spectacle moral du monde, le Grand Récit du monde moderne, et le monde tel qu'il est, infiniment plus marxiste et machiavélien que moral.

Dans le monde réel la morale est un instrument de combat contre tous les autres hommes , c'est à dire un instrument de la lutte contre les concurrents sociaux, bien avant d'être une règle pour l'action. Il est de règle que les prêcheurs de morale soient des crapules de premier ordre, des J.Edgar Hoover, sans parler des autres.

Quand quelqu’un multiplie les grands mots de vérité et de justice, alors probablement il raconte des histoires aux enfants que nous sommes – rappelez vous !

Une autre naïveté propre à la gauche est de croire que les auteurs de gauche sont moins enclins au mensonge que ceux de droite. Il est habituel depuis les hommes primitifs sauvages et machistes se nourrissant de charognes au fond des cavernes, qui n'avaient ni entendu parler des théories du genre ni des végans, et dont les descendants modernes sont « les fascistes » - évidemment ! - de croire que les autres, les ennemis, sont évidemment de mauvaise foi, et point les gens de son propre camp. De ce fait les hommes civilisés, de gauche, progressistes, féministes, qui trient leurs ordures et pensent sérieusement à mettre des toilettes sèches dans leur maison de campagne, attribuent la mauvaise foi aux « fascistes » sans balayer devant leur porte. Ils ont tort, car le pas de leurs portes de manque pas d'ordures, et leur est plus accessible qu'un « fasciste », lequel pourrait en outre être dangereux.

L'enjeu de la définition de règles du jeu concernant les effets d'autorité dans le langage est déterminant. Il est infiniment plus difficile aujourd'hui de construire les conditions de possibilité d'une parole audible et puissante que de parler ou d'enseigner. Parler ou enseigner, définitivement, le premier qui passe peut le faire. Savoir quelle est la voix puissante, cela est hors de portée même des sages.

Je vous en propose un exemple avec le remarquable compte rendu de lecture qui suit :

En gras : le texte critiqué. En italique : les observations de votre serviteur.

Les Politiques de visibilité

Andrea Mubi Brighenti,
Visibility in Social Theory and Social Research,
Basingstoke, Palgrave McMillan, 2010, 211 p.

Tout dans les signes implicites montrent l'importance de ce livre : il est écrit en Anglais – la langue de la Science - par un italien, il est publié par un prestigieux éditeur anglo-saxon, il distingue et répète avec de nobles majuscules Théorie et Recherche...bref, il s'annonce déjà comme super-puissant. Le titre choisi en Français – les politiques de...- montre une noble proximité avec la classe régnante, chargée d'élaborer ou d'appliquer des politiques. Bref, d'emblée, comme dans la parfumerie du Bon Marché, la moquette est épaisse et les vendeurs distingués.

Les notions de visibilité et d’invisibilité jouissent d’une importance croissante en théorie politique et en sciences sociales depuis quelques années. À ce titre, elles s’inscrivent dans le prolongement de réflexions majeures sur la construction visuelle des pratiques ou des savoirs menées au cours du demi-siècle passé, dont les plus prolifiques et les plus disputées demeurent à ce jour celles de Michel Foucault sur l’histoire du regard médical ou sur l’avènement du pouvoir disciplinaire.

La construction d'une autorité de la Science dans le discours passe par un effacement de la petite personne de l'auteur derrière la haute stature du Représentant de l'Université, et le porte parole du Concept. Les Notions sont donc les sujets véritables de l'histoire ; l'humain qui écrit n'est que l’interprète de ces dieux qui comme tous les dieux, jouissent d'une certaine importance, pour ne pas dire d'une importance certaine. Dieux prolifiques, dont le prestige est rappelé par l'invocation des Grands Noms des héros humains qui les ont mis à jour, comme ici Foucault. Se plaçant non pas dans le jeu étroit de la lutte des places dans sa petite caste dominée – la partie dominée de la classe dominante – l'auteur se place à la hauteur des siècles ou des demi-siècles.

La tentation est grande d’interpréter ce regain d’intérêt comme l’un des signes tangibles d’un tournant « visuel » ou « iconique » dans les modes de connaissance, suivant les thèses formulées par différents théoriciens anglo-saxons ou allemands. Pourtant, force est de constater que les acceptions contemporaines de la visibilité se caractérisent d’abord par leur diversité. Nos sociétés regorgent d’individus et de populations visibles ou invisibles avant tout parce qu’elles sont aux prises avec quantité de modes de visibilité distincts, que la recherche académique contribue activement à façonner et à promouvoir.

La première phrase veut dire : quelques profs de facs ont dit, puisqu'il y a plein d'images de part le monde, que « nous sommes entrés dans le cycle iconique des modes de connaissance ». Outre le fait que les hommes du passé voyaient autant d'images que nous ( tout ce qui est visible est image, non ?), ce genre de déclaration grandiose et vague ne fait de vous un « théoricien » à citation que dans le monde universitaire.

La deuxième phrase est un positionnement idéologique subtil dans le cercle de recherche sociales où et d'où parle le Critique : « force est de constater » montre que l'auteur n'est pas un idéologue, il constate, et ceux qui ne constatent pas comme lui se mentent – c'est la naturalisation classique du discours idéologique déjà vue dans le premier paragraphe. (...)« que les acceptions contemporaines de la visibilité » : l'auteur ne fait que reprendre ce que les Grands Acteurs sociaux, les Créateurs, ou encore les clients habituels de l'idéologie « sociale » dit plus brutalement ; et ces rapports de force sur le terrain forment le « Contemporain », un mot clef du discours idéologique des sciences sociales modernes : le Contemporain est Bon.

(...)« se caractérisent d'abord par leur diversité » : tous les Grands Héros Contemporains auront leur soupe, le but n'est pas de créer la polémique – le mot Diversité est un autre mot clef de l'idéologie vendue. La Diversité est Bonne. La Diversité Contemporaine, c'est trop de la balle. Elle regorge d'individus ( tous les narcisses Grands Héros de la Diversité Contemporaine qui le lisent ) et de populations ( comme les LGTB, fidèles clients, avec les Associations) blabla.

« Que la recherche académique contribue activement à façonner et à promouvoir » : le nouveau positionnement de la Science n'est pas de Constater par Force, mais de créer ce qui est Bon, la Diversité Contemporaine. Entre nous soit dit, cette soif de puissance de la fraction dominée de la classe dominante la place surtout à la remorque de l'ingénierie sociale capitaliste, comme pourvoyeur de discours idéologiques justificateurs pour les écoles d'administration et de commerce, c'est à dire pas grand chose.

Des paradigmes antinomiques

Un tour d’horizon des publications françaises et étrangères depuis une quinzaine d’années révèle pas moins de trois grands ensembles de travaux, que le sociologue Andrea Brighenti a identifiés et classés tout en explorant lui-même la visibilité sous l’angle d’« une dimension du social au sens large, sans restriction au domaine visuel » (p. 4), dans ses acceptions tant littérales que métaphoriques. L’ambition synthétique de Visibility in Social Theory and Social Research prolonge celle du sociologue Olivier Voirol, qui avait déjà esquissé un tour d’horizon comparable en 2005, il est vrai plus focalisé sur la mise au jour des formes spécifiques de « luttes pour la visibilité » que sur l’étude des ressorts antinomiques que renferme cette catégorie plurielle.

Toujours éperdu d'ivresse des profondeurs, le Porte-Parole du Concept fait des tours d'Horizon des Grands Travaux Contemporains. Ceux-ci, comme la Diversité est Bonne, sont évidemment Pluriels : sinon, ils ne seraient ni Contemporains, ni Diversitaires, donc ils ne seraient pas Grands et ne devraient pas être mentionnés.

Ce tour d'horizon permet d'évacuer tout contenu au « problématiques de la visibilité », que déjà la prise Contemporaine « avec quantité de modes de visibilité distincts » avait fortement entamé. En effet, s'il est quantité de modes de visibilité distincts, peut être que le champ de recherche n'est constitué que par l'usage d'un terme unique polysémique pour parler de tas de trucs qui n'ont rien à voir entre eux, comme le mode d'être dauphin du futur Charles VII et le mode d'être dauphin de Willy. Dans ce cas, une démarche rationnelle est de ne pas faire de livre sur les champs de visibilité des dauphins comme d'un phénomène unique.

Mais le Livre ne peut pas évidemment être déprécié par une telle remarque. Pour pouvoir librement dire tout et son contraire, la Science idéologique procède à l'inverse d'une démarche de définition : elle dilue pour conserver le choix du sujet ou du hors sujet sous son seul et arbitraire pouvoir : « en explorant lui-même la visibilité sous l’angle d’« une dimension du social au sens large, sans restriction au domaine visuel » (p. 4), dans ses acceptions tant littérales que métaphoriques. ». Il est clair que dans ce cas tout et rien peut être étudié sous l'angle de sa visibilité, sans cependant pouvoir être soumis à une véritable critique, qui peut toujours être taxée d'incompréhensive.

Il s'agit bien d'élaborer une position de pouvoir inexpugnable, et non une démarche rigoureuse soumise aux exigences d'une testabilité ou d'une démonstration de cohérence interne.

En premier lieu, la visibilité s’est peu à peu imposée comme le dénominateur commun des discours sur les nouvelles formes de précarité et d’aliénation. En ce sens métaphorique, ne pas être socialement visible revient à se voir refuser une forme de reconnaissance nécessaire à la l’affirmation, à la valorisation et à la réalisation de soi, c’est-à-dire à subir un mépris « dont la conséquence ultime est l’impossibilité de la participation à la vie publique », comme l’affirme le philosophe Guillaume Le Blanc, à la suite du théoricien allemand Axel Honneth. Sur ce plan, la visibilité est parfois concurrencée par l’audibilité, et les invisibles décrits comme des sans-voix, quitte à voir s’établir des hiérarchisations épistémologiques dont les assises ne sont pas toujours explicites ou convaincantes.

Le Héros se perd tellement dans les métaphores du Visible et de l'Audible que lui-même note que « l'assise épistémologique » de tous ces discours n'est pas très solide. Le seul sens indubitable de tout ce paragraphe, c'est qu'au delà d'être metteur en scène des Notions dans son petit monde de la Théorie et Recherche Sociale, il faut pour Contribuer Activement à Façonner le monde du pouvoir et pas seulement des Mots. Et les figures du Pouvoir pour un Maestro du Concept sont de passer à la Télé, puis de rentrer au Cabinet du Ministre, ou de devenir Ministre comme Ferry, pas Jules, l'autre. En gros, c'est la théorisation du narcissisme médiatique comme un Droit de l'Homme, démarche classique des luttes Contemporaines pour la Reconnaissance des Minorités Diverses.

La sociologie des médias, pour sa part, a consolidé de longue date une approche beaucoup plus littérale, en mesure de rendre compte des divers effets de la visibilité médiatique sur la consécration sociale ou les trajectoires des élites, tout en décrivant l’émergence ordinaire de mises en scène de soi motivées par l’usage des nouvelles technologies. En France, la sociologue Nathalie Heinich a prolongé cette ambition sur le plan d’une sociologie de la célébrité, allant jusqu’à considérer la visibilité comme un nouveau fait social total venu bousculer les formes établies de la renommée. La thèse prend le contrepied de certaines dénonciations savantes du phénomène, au premier rang desquelles figure la critique situationniste de la séparation spectaculaire.

Le Héros dit que passer souvent à la télé c'est bien pour arriver au pouvoir ou le garder. On ne voit pas bien contre-pied avec Debord. Ce monsieur Debord disait-il qu'il n'y avait aucun rapport entre Spectacle et Pouvoir ? Notez que le Héros se place sur le même piédestal que Debord, en parlant de certaines conceptions savantes. Mais Debord n'a jamais été universitaire, et rien n'est plus étranger au militantisme marxiste de se placer sur le terrain d'une dénonciation savante, c'est à dire purement neutralisée. Dernier point : un paradigme est un cadre global de recherche et d'intelligibilité scientifique, et les « paradigmes » présentés manquent cruellement de consistance ; autant dire que qualifier d'antinomiques ces deux premiers paradigmes simplement complémentaires et proches du lieu commun ( lien entre invisibilité et domination sociale subie, lien entre visibilité et appartenance à l'élite) est un manque de consistance à l'intérieur d'une inconsistance théorique globale.

Enfin, une troisième acception de la visibilité, pour partie héritière des recherches foucaldiennes, côtoie les multiples avatars conceptuels du regard panoptique que charrient dans leur sillage les Surveillance Studies, florissantes dans le monde académique anglo-saxon. Criminologues et politistes y décrivent la tolérance sociale croissante à l’égard de l’archivage des données et des nouvelles formes de surveillance électronique. Une ligne plus proche de la critique de l’industrie culturelle par les penseurs de l’École de Francfort tente d’y adjoindre un versant médiatique, pointant du doigt les dispositifs qui assurent la visibilisation d’une minorité devant les yeux d’une majorité. Ces travaux ont en commun de mettre l’accent sur le regard collectif et la participation active des populations, opérant un renversement du panoptisme théorisé au XVIIIème siècle par Jeremy Bentham, fondé sur l’observation individuelle du surveillant et sur la passivité des surveillés. Ils n’en partagent pas moins la conclusion selon laquelle, dans de telles situations, « la visibilité est un piège, à l’opposé de la valeur positive que prend la notion dans les processus de lutte pour la reconnaissance.

Ce paragraphe est tellement fourre-tout et confus que je ne vois rien à en dire de plus qu'inviter à le lire de près : l'observation devient le contre-pied de l'observation, et l'incapacité à analyser les liens entre visibilité et pouvoir de classe est bien visible. Là encore l'inconsistance théorique est globale, et l'antinomie est purement formelle : en quoi la médiatisation d'une élite s'opposerait-elle comme paradigme à la surveillance des classes dangereuses par des systèmes d'observation comme paradigme ? Comment trouver conséquent d'analyser la surveillance comme un problème en soi indépendamment de l'organisation générale de la domination dans une société donnée ? La surveillance, ou la médiatisation, ne sont que des fonctions de l'organisation générale de la domination, que l'on peut nommer pouvoir. Il se pourrait que le désir de visibilité des Sciences et Recherches Sociales ne soient un piège du Capitalisme pour en faire des serviteurs et des laquais, ce qui est bien le cas : mais le Héros ne saurait le dire, sans offenser la Diversité Contemporaine des modes de Visibilité en les ramenant à une problématique unique qui doit rester invisible.

Régimes de visibilité

Les antinomies de ces trois paradigmes établissent la visibilité comme une catégorie somme toute très éloignée des aspects strictement optiques du regard et de la perception. En neuf chapitres succincts, Visibility in Social Theory and Social Research s’attache à replacer les tensions que génère cette pluralité dans des domaines aussi divers que l’urbanisme ou les nouveaux médias, sans manquer de conclure sur le rôle de la visibilité dans les définitions contemporaines de la démocratie.

Il n'existe pas de paradigmes, à la rigueur des axes d'étude rassemblant des collections de faits ; et il n'existe pas d'antinomies en soi, juste les contradictions entre les faits et les collections de faits que la synonymie de la désignation ( visibilité) produit dans un discours au fond très simple, trop simple pour le réel. Un paon qui veut séduire une femelle se rend visible, un paon qui détecte un tigre cherche l'invisibilité. Donc : la visibilité peut être un atout, ou une contrainte pour un être vivant. Oui certes, mais pas en soi : à l'intérieur d'un réseau de relations qui lui donne son sens, comme le sexe ou la guerre.

Le livre est donc un catalogue thématique, basé sur la synonymie assez arbitraire de visible étendu à l'extrême, c'est à dire sans construction théorique rigoureuse, sans unité conceptuelle, rassemblant des gros tas de trucs derrière des métaphores somme toute très éloignées des aspects strictement optiques du regard et de la perception. La méthode est bien plus celle de Vogue, le Catalogue de tout ce qui est célèbre, que celle de la réflexion. Le Héros cependant, comme tout héros Contemporain de la Diversité qui Interroge Profondément des Concepts, n'en dresse pas moins la cartographie des Tensions créatrices de Nouveau Générées par la Diversité. Bien évidemment, une telle méthodologie permet d'évoquer tous les Concepts Vendeurs du Marketing Idéologique, l'Urbanisme, les Nouveaux médias (l'avantage, c'est que cette expression pourra être utilisée telle quelle dans un siècle) sans manquer à la fin tout particulièrement de faire de la lèche aux élites issues de l’élection qui financent la Théorie et la Recherche Sociale.

L’ouvrage s’emploie aussi à procurer une certaine unité à la catégorie. Pour ce faire, Andrea Brighenti met en avant deux facteurs. D’une part, la visibilité serait d’ordre « biopolitique » ; en mesure de conférer du pouvoir par la reconnaissance, elle peut aussi en soustraire par le contrôle social. D’autre part, elle comporterait une dimension « socio-technique », faite « de relations et de médiations situées dans l’“entre-deux” où coexistent les idées et les forces matérielles » (pp. 39-41). Les deux facteurs s’articuleraient autour de « régimes » contribuant « à organiser et à définir le pouvoir, les représentations, l’opinion publique, les conflits et le contrôle social. Tandis que des ambivalences possibles sont inhérentes à tout effet de visibilité, les régimes effectifs concourent à spécifier et activer les déterminations contextuelles du visible. De fait, la sélection des effets de visibilité s’opère au moyen de l’agencement territorial dans lequel s’inscrivent les relations sociales » (p. 126). Il est vrai que ces effets trouvent parfois une homogénéité contextuelle que Brighenti n’est pas seul à relever. En témoigne la réflexion menée sur le regard colonial par l’historien indien Homi Bhabha, qui étire le spectre sémantique de l’adjectif anglais « over-looked » jusqu’à pouvoir lui associer un « double sens de surveillance sociale et de déni psychique, conjuguant contrôle et mépris.

Concevant d'un seul coup le fatras qu'il est en train de créer, le Héros cherche des points d'unification d'une problématique. Sortant sa boîte à outils, il sort le coup du biopolitique, Concept ici dépourvu du moindre contenu, et ainsi fort pratique. Cela permet – il y a même des indices sémantiques d'utilisation de Luhmann avec l'expression « sélection des effets de visibilité » - dans une confusion verbale fort comique au fond, d'aboutir à la plus totale négation de l'exploitation de l'homme et des rapports de pouvoir dans la réalité, en disant : la sélection des effets de visibilité s’opère au moyen de l’agencement territorial dans lequel s’inscrivent les relations sociales. Plus précisément, de même que la dissolution complète de toute unité des problématiques de visibilité comme pouvoir permet d'évacuer la dimension prédatrice du Capital devenu spectaculaire - et toute compréhension fonctionnelle du rôle de la visibilité spectaculaire-marchande dans le système global des relations sociales au stade actuel du Capitalisme, de même la fragmentation dans des agencements territoriaux permet d'annihiler toute dimension critique authentique, et donc aussi permet d'éviter de poser la question du positionnement effectif des Sciences Sociales dans la guerre civile mondiale. Pour faire passer sa pilule, classiquement, le Héros cite alors un Chef Indien au nom bien typique, Divers quoi, modèle de l'homme bon écrivant en Anglais cependant, et aussi la lutte anticoloniale, Épopée de la Vertu : En témoigne la réflexion menée sur le regard colonial par l’historien indien Homi Bhabha – sans citer, ni même souligner que cette colonisation est d'abord une forme d'exploitation matérielle effective, avant d'être du Mépris ou de l'Invisibilité.

Théories savantes et stratégies d’action

La notion de « régime de visibilité » est très loin de céder à la tentation d’une uniformisation théorique par le bas, passant outre les incompatibilités d’usage. Néanmoins, centré sur les acceptions savantes de la visibilité, Andrea Brighenti manque de préciser les lignes de fracture tracées par les nombreux usages sociaux et militants du terme, plus stratégiques et revendicatifs que descriptifs, qui libèrent ses significations politiques. Le potentiel antinomique de la reconnaissance, de la surveillance et de la médiatisation ne se révèle pleinement que lorsque leurs visibilités respectives sont convoquées non plus pour interpréter le réel, mais pour le transformer.

Un bref retour sur l’histoire des luttes altermondialistes suffit à en rendre compte. Resté dans les mémoires pour avoir été le théâtre d’affrontements si violents qu’ils provoquèrent des blessés par centaines et la mort par balles d’un jeune manifestant, le contre-sommet du G8 organisé dans la ville de Gênes au mois de juillet 2001 a aussi vu s’affronter, par l’intermédiaire des revendications et des modes opératoires propres aux différents groupes militants rassemblés, toutes les variables d’exposition entrevues. Les « combinaisons blanches » (tute bianche), activistes italiens ainsi nommés en raison de leur apparence uniforme, se définissaient parmi eux « comme [d]es travailleurs “invisibles”, précaires, privés de sécurité et d’identité stable », donnant cette invisibilité à voir par leur choix vestimentaire. Partisans de la désobéissance civile, ils s’affublaient également de grossières armures en mousse et d’autres artifices défensifs dans le but de tenir tête aux forces de l’ordre, à seule fin de générer une large couverture médiatique et de gagner l’adhésion de l’opinion publique. « Nous avons décidé d’envoyer des images et des signaux forts afin de ne laisser aucun doute sur nos intentions », insistait un(e) tute bianche à cette époque. « Les résultats sont visibles, les gens le comprennent. Parallèlement, d’autres groupes hostiles à toute stratégie médiatique s’en prirent aux sièges de banques et de firmes multinationales, ou affrontèrent les forces anti-émeutes souvent loin de l’œil des caméras. Leur technique fut déjà celle du « black bloc », façonnée pour apparaître avant d’avoir été pressentie et pour disparaître avant d’avoir été réprimée. Publié en 2007 par le bien nommé Comité invisible, le pamphlet philosophique et stratégique L’Insurrection qui vient en résume l’esprit : « Être visible, c’est être à découvert, c’est-à-dire avant tout vulnérable.

La notion de « régime de visibilité » est très loin de céder à la tentation d’une uniformisation théorique par le bas, passant outre les incompatibilités d’usage. Le Héros parle avec Hauteur, et prêche le respect de règles méthodologiques que tout son texte réfute. Il ne faut pas unifier par le Bas – expression conceptuellement dépourvue de sens mais très riche en conformité sociale, explicitement nommée par le Bon Usage – unifier par le bas en parlant par exemple des contraintes matérielles à l’œuvre dans la société. La visibilité tellement désirée par le Héros est le signe visible de la collaboration de classe, exactement comme passer à Radio Paris en 42 n'est pas de la pure transparence. Ce n'est pas en citant sans aucune référence au contenu le Comité Invisible, ou des images spectaculaires déroulées sans décryptage, pour écrire la séquence gauche combattante après la séquence postcoloniale avec l'Indien de service, que notre Candide va construire la moindre illusion d'une compréhension sociale ou encore moins socialiste de son sujet. Tout un fatras vide, encore et toujours – une conversation de comptoir dans un bas de soie. Il ne s'agit pas d'un éloge réel de l'invisibilité, puisque cette invisibilité a cette particularité évidente d'être visible, le Héros parlant d'Images vues à la Télévision – mais le Héros ne s'arrête pas à ses détails.

Celui qui porte un masque spectaculaire, comme les anonymous ou le sous-commandant Marcos – ne veut pas être invisible, mais être anonyme – et ce d'abord pour pallier les effets de la surveillance des organes de sécurité, même s'il peut après articuler un discours anti-personnalisation spectaculaire des activités politiques. Et le Héros ne s'arrête pas à ces nuances qui introduiraient pourtant de l'ordre – l'ordre des luttes de domination – dans les pseudos Antinomies de la Visibilité dont il prétend faire le Catalogue des Paradigmes.

À la première logique, désireuse de remédier à la transparence sociale par l’exposition spectaculaire, s’oppose la seconde, qui rejette jusqu’à l’amalgame les finalités et les moyens respectifs de la mise en scène médiatique et de la surveillance policière. Stratégique, la visibilité devient une sorte de concept-valise dans les deux cas, sa réprobation allant jusqu’à lui associer la célèbre interpellation idéologique du marxisme althussérien — « Assume ce que tu fais, plutôt que de te cacher. Le culte voué à l’anonymat s’inscrit dans l’héritage du rejet de la société du spectacle, dans laquelle les situationnistes ne percevaient qu’un autre exemple de « visibilité-piège » propre à la modernité, l’exercice du pouvoir au moyen des industries culturelles et des formes vides du capitalisme marchand. De fait, la réflexion sur les préjudices causés par l’exhibition forme presque un « régime de visibilité » à elle seule, dont la césure des pouvoirs spectaculaires et panoptiques opérée par Michel Foucault marque l’impulsion initiale : « Notre société n’est pas celle du spectacle, mais de la surveillance. Sous la surface des images, on investit les corps en profondeur ; derrière la grande abstraction de l’échange, se poursuit le dressage minutieux et concret des forces utiles. La critique se prolonge aujourd’hui au fil des réflexions qui cherchent à maintenir à distance les visibilités « à fuir », ou au contraire à les corréler.

À l’inverse, l’existence d’une forme d’invisibilité destructrice n’est pas nouvelle. Le problème figure au cœur du roman Invisible Man, écrit durant les années 1940 par l’écrivain noir américain Ralph Ellison, en pleine ségrégation raciale. La référence est incontournable pour les théoriciens de la reconnaissance — qui, du reste, font peu de cas des « avantages de l’invisibilité » stipulés dans quelques sentences du livre dignes de L’Insurrection qui vient : « Aussi longtemps que vous demeurerez inconnu de la police, vous serez efficace. Plutôt que d’illustrer une acception homogène, Invisible Man propose une interprétation subtile de la lutte qu’entretiennent les politiques de visibilité entre elles. Le roman est une source de premier ordre pour les découvrir à l’œuvre.

Comme tout bon universitaire, le Héros revient à ses maîtres : d'autres universitaires, c'est à dire ni Debord ni Tiqqun. Il cite Althusser, le modèle de Bourdieu dans ce que parler veut dire, un brave garçon dont toute l'existence pratique dément qu'il ait pu un instant avoir une compréhension pratique du marxisme – une vie passée à l’École Normale Supérieure, c'est à dire au service de la Révolution – évidemment ! Tout à fait comparable à celle de Lénine. Un modèle de gauche beaucoup plus accessible à un professeur payé par l’État et souhaitant participer activement à la visibilité des individus et la façonner, comme toute l'industrie de la mode. Il cite également un adage scout d'une accablante banalité dudit Althusser disant qu'il faut assumer ce que l'on fait et en être fier, donc le rendre visible, ce qui est plus le thème narcissique de la Pride des minorités qu'une réflexion sur la guerre civile – Althusser aurait du donner ce conseil à Jean Moulin ou à l'armée secrète. Pour des êtres humains dominés par une oppression, ce conseil est tout simplement d'une connerie insondable – que l'on pense aux marranes, aux hérétiques face à l'inquisition, à la dissidence dans l'ex-URSS, au delà de la résistance en Europe.

Bref, le niveau véritable de la réflexion au delà du lourd appareillage de la guerre universitaire avec ses armures, ses drapeaux et ses blasons, est celui de la conversation de bistrot déjà évoquée. Aucune citation de l'Insurrection qui vient n'est là pour corréler le parallèle fait dans ce paragraphe ; et l'habituelle confusion entre lutte des classes et antiracisme, un outil typique de l'invisibilisation des rapports effectifs de domination dans la société capitaliste, est utilisé. Pour éclaircir mon dernier propos, je martèlerais la remarque suivante : la société d'Afrique du Sud n'est pas moins violente pour les mineurs, que sont oligarchie soit blanche ou noire et blanche ; si les rapports de propriété et de production restent identiques, l'oligarchie pourrait être complètement noire et comprendre en son sein Nelson Mandela que tout l'ordre social capitaliste serait demeuré identique. Ce n'est pas en mettant des gardes de telle ou telle couleur de peau qu'une prison devient un espace de liberté.


De la visibilité à la visualité

En dépit de sa remarquable densité théorique et bibliographique, la synthèse proposée par Andrea Brighenti manque deux points importants qui animeront sans doute les débats futurs. Le premier concerne les théories de la reconnaissance, dont il affaiblit la teneur normative par la réversibilité du « régime » et l’effort d’unification. En effet, inscrite par le processus de reconnaissance comme une affirmation positive d’autrui, la visibilité ne saurait causer de tort. Pallier le problème aurait nécessité de confronter l’acception à son historicité et à son universalité apparente, comme l’ont fait les meilleurs commentateurs de Guy Debord en ce qui concerne l’économie spectaculaire-marchande. Une fois le spectacle décrit comme une visibilité spécifique à l’histoire moderne et au capitalisme, des regards alternatifs s’en laissent déduire, contre toute assimilation réductrice du concept à la vision en tant que telle, au « spectateur » générique.

Le second point concerne la confrontation approfondie de la visibilité avec le concept de « visualité », redécouvert depuis peu. Inventée dans l’Angleterre impériale victorienne, la visuality est très loin de se réduire à la simple « contrepartie culturelle du sens de la vue » (p. 3) qu’a popularisée la philosophie esthétique anglo-saxonne à partir des années 1980. Pour l’essayiste conservateur anglais Thomas Carlyle, elle constituait une authentique capacité politique, exclusivement détenue par les quelques grands hommes que l’Histoire se chargerait de sélectionner pour gouverner les masses. Décliné depuis le dispositif de surveillance de la plantation coloniale jusqu’à l’emploi télécommandé des drones de combat, ce mode d’exercice du pouvoir, fondé sur la redécouverte d’une catégorie historique attestée, suggère aujourd’hui de prometteuses approches politiques de l’histoire et de l’actualité des luttes pour l’exposition ou l’opacité.


On lui a appris à l'école : la conclusion doit ouvrir vers de « nouvelles » Recherches de Sciences et de Théorie Sociale. La visualité est au visible ce que la sociétalité est au social, une façon de parler qui évacue ce qui gêne tout en faisant de la belle mousse pour tous les Héros du Concept. Ici, ce qui gêne est que la visibilité tellement désirée pour façonner le monde social et avoir de belles carrières pourrait être le signe d'une collaboration critiquable. Debord a écrit : si un journaliste a dit du bien de toi, demandes toi quelle erreur tu as commise.

Mais ce n'est pas du tout ce que le Héros est payé pour dire :

En effet, inscrite par le processus de reconnaissance comme une affirmation positive d’autrui, la visibilité ne saurait causer de tort. Pallier le problème aurait nécessité de confronter l’acception à son historicité et à son universalité apparente, comme l’ont fait les meilleurs commentateurs de Guy Debord en ce qui concerne l’économie spectaculaire-marchande.

Les "meilleurs commentateurs de Debord" - expression particulièrement ignoble concernant Debord, comment ne pas penser aux sarcasmes de Lautréamont : "Les chefs-d'oeuvre de la langue française sont les discours de distribution pour les lycées, et les discours académiques. En effet, l'instruction de la jeunesse est peut-être la plus belle expression pratique du devoir, et une bonne appréciation des ouvrages de Voltaire (creusez le mot appréciation) est préférable à ces ouvrages eux- mêmes.--Naturellement !" dans les poésies, I - ces meilleurs commentateurs scolaires sont ceux qui permettent de conserver le principe idéologique de base que la visibilité ne saurait causer du tort, puisqu'elle est tellement désirée par ceux là même qui versent subventions et salaires. Elle est positive. Le bon commentateur de Debord, comme le bon commentateur du Coran pour Caroline Fourest, c'est celui qui le rend idéologiquement conforme à leur orthodoxie définie à l'avance. Le héros est clairement un prêtre, et qui termine par se dévoiler en parlant du regard d'Acier de ces Grands Héros qui regardant plus loin que les autres.

Le Héros est un prêtre – Nabilla est devenue philosophe.

Tant que cela, ce flot de littérature universitaire en quête de reconnaissance sur la quête de reconnaissance, continuera à se déverser indéfiniment avec une respectueuse écoute ; tant que tous ces narcisses qui veulent donner-la-parole-à-ceux-qui-ne-l'ont pas en prenant la parole à leur place dans des dispositifs fictionnels – avec pas la moindre capacité d'écoute des personnes concernées, situation flagrante lors des débats sur la prostitution, ou les « Experts Humanistes » ont totalement couvert la voix et écrasé de mépris bienveillant et moral des prostituées et des clients – tant que la fiction sera prise au sérieux sans faire rire ouvertement - ou tant qu'il sera attendu de nous de débattre avec ce genre de trucs fonctionnels, la friction l'emportera sur le mouvement théorique. Tout cela est du sable – du mauvais sable, incapable de prendre dans un mortier. Du sable à jeter au vent.

Hasta la vista ! Et vive la mort ! 

Très belles notes du compte rendu original : 

1 Gottfried Boehm et W.J.T. Mitchell, « Pictorial versus Iconic Turn : Two Letters », Culture, Theory and Critique 50/2-3 (2009), pp. 103-121.
2 Voir le dossier coordonné par Olivier Voirol dans la revue Réseaux 129/130 (2005).
3 Guillaume Le Blanc, L’Invisibilité sociale, Paris, PUF, 2009, p. 1 ; Axel Honneth, « Invisibilité : sur l’épistémologie de la “reconnaissance” », dans La Société du mépris. Vers une nouvelle théorie critique, éd. et trad. O. Voirol, Paris, La Découverte, 2006, pp. 225-243.
4 Nathalie Heinich, De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique, Paris, Gallimard, 2012.
5 Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 234.
6 Homi K. Bhabha, Les Lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, trad. F. Bouillot, Paris, Payot, 2007 [1994], p. 358.
7 Michael Hardt et Antonio Negri, Multitude. Guerre et démocratie à l’âge de l’Empire, trad. N. Guilhot, Paris, La Découverte, 2004 [2004], p. 306.
8 Témoignage cité dans Tim Jordan, S’engager ! Les nouveaux militants, activistes, agitateurs…, trad. S. Saurat, Paris, Autrement, 2003 [2002], p. 68.
9 Comité invisible, L’Insurrection qui vient, Paris, La Fabrique, 2007, p. 102.
10 Ibid.
11 Michel Foucault, Surveiller et punir, op. cit., p. 252.
12 Ralph Ellison, Homme invisible, pour qui chantes-tu ?, trad. M. Merle et R. Merle, Paris, Grasset, 1982 [1952], p. 314.
13 Anselm Jappe, Guy Debord : essai, trad. Claude Galli, Paris, Denoël, 2001 [1995].
14 Nicholas Mirzoeff, The Right to look. A Counterhistory of Visuality, Durham, Duke University Press, 2011.

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